Experience
La première Route Lente de Colombie
Comment une route devient une stratégie urbaine pour atténuer les effets du changement climatique
La Route Lente objet de cette fiche, est une route à flanc de montagne qui relie la ville de Pereira et la municipalité de Marsella dans le département du Risaralda, à l’Ouest de la Colombie. Suite à de multiples saisons pluvieuses depuis 2008, cette route est devenue impraticable à plusieurs reprises, ensevelie par des éboulements et des glissements de terrain. Face à ce problème, un groupe de citoyens a décidé de former la Société d’Améliorations Publiques de Marsella [Sociedad de Mejoras Públicas de Marsella] afin d’entreprendre des actions pour résoudre ou pour contrôler la problématique grâce à un Modèle de Gestion Routière Intégrale. Considérant que ces fortes périodes de pluie et glissements de terrain consécutifs étaient dus au changement climatique, la démarche de la Société s’est orientée vers des stratégies en faveur de l’atténuation et de l’adaptation à ce phénomène. C’est ainsi qu’en 2012 son action a été récompensée par le Premier Concours National de Stratégies Urbaines pour l’Atténuation du Changement Climatique. Nous présentons ci-après la manière dont cette route résulte d’une stratégie d’atténuation, les facteurs contribuant à son succès et ses perspectives futures.
Cette expérience présente une action civique face au changement climatique et met en évidence la manière dont la route peut se transformer en un lieu de loisir et de sensibilisation à l’environnement.
Table of content
Dans le cadre du projet « Villes colombiennes et changement climatique », qui a été réalisé en collaboration avec l’Agence Française de Développement, Fedesarrollo [Fédération pour le Développement] et la Fundación Ciudad Humana [Fondation Ville Humaine], l’Institut de Recherche et Débat sur la Gouvernance (IRG) a identifié différentes expériences qui contribuent à la réflexion sur l’adaptation et/ou l’atténuation du changement climatique. La Route Lente est l’une d’entre elles, puisqu’il s’agit d’un projet conçu à l’initiative de citoyens cherchant à consolider la route qui relie les municipalités de Pereira et de Marsella (Colombie), en tant qu’espace de loisir et de protection environnementale capable d’affronter le changement climatique grâce à différentes stratégies impliquant aussi bien la population que les acteurs privés et l’État.
Le Risaralda est un département de Colombie divisé en quatorze municipalités différentes, parmi lesquelles se trouvent la capitale [préfecture] Pereira et la municipalité de Marsella. Ces deux entités territoriales sont situées à une distance de 30 kilomètres l’une de l’autre, reliées par une route qui comporte 360 virages environ. Cela pourrait faire croire que le trajet peut être ennuyeux, mais cela permet plutôt d’apprécier le paysage de la Zone du Café, qui est une région délimitée géographiquement et composée de nombreuses collines et montagnes favorables à la culture du café. Cette route est en fait une route à flanc de montagne. Cette caractéristique augmente le risque qu’elle se retrouve ensevelie par des éboulements ou des glissements de terrain causés par des mouvements sismiques ou par des niveaux élevés de précipitations.
En effet, depuis environ six ans, la Colombie a été frappée par des périodes de fortes pluie qui ont laissé un grand nombre de personnes sinistrées, de vastes zones de cultures inondées et de nombreuses routes détériorées et impraticables. Celle qui relie Pereira et Marsella ne fit pas exception et les organismes compétents ont été obligés de dégager à plusieurs reprises les énormes quantités de terre provenant des zones élevées des montagnes afin de rétablir la communication entre ces deux villes. Cette situation a encouragé l’action d’un groupe de citoyens, pour la plupart des retraités de la municipalité de Marsella. L’idée était de créer un Modèle de Gestion Routière Intégrée destiné à enrayer les différents problèmes de la route. Ce groupe a alors réactivé la Société d’Améliorations Publiques de Marsella [Sociedad de Mejoras Públicas de Marsella], fondée en 1923, mais qui était inactive depuis environ quatre-vingts ans.
Cette expérience nous présente une action citoyenne face au changement climatique et aussi en quoi une route peut devenir un lieu de loisir et de sensibilisation à l’environnement.
Les Sociétés d’Améliorations Publiques existent en Colombie depuis le début du XXème Siècle et ont été régularisées en 2008 par la promulgation de la Loi 1217 qui les définit comme des entités autonomes, privées et à but non lucratif; qui “exercent leurs fonctions comme consultants de l’administration municipale en matière de défense de l’espace public, de l’environnement et du patrimoine culturel”, tout cela en faveur de la promotion et de la construction d’une conscience civique pour pouvoir harmoniser la gestion des villes et les attentes de leurs populations. Ces Sociétés d’Améliorations Publiques « doivent être composées d’au moins dix citoyens ayant un esprit civique reconnu et qui devront mettre en pratique les principes de l’Institution. » Dans le cas de la Société d’Améliorations Publiques de Marsella, sa composition reflète une grande diversité d’acteurs venant de différentes professions (architectes, comptables, ingénieurs, fonctionnaires, entre autres), tranches d’âge et tendances politiques. Au total environ vingt-huit citoyens se sont organisés en 2009 en vue de relancer cette Société. Ils consacrent actuellement une partie de leur temps libre au projet de Modèle de Gestion Routière Intégrée.
Ce Modèle considère que la route Pereira-Marsella est plus que du goudron et reconnaît l’importance des variables environnementales et sociales qui l’entourent. Les possibilités d’atténuation et d’adaptation aux causes de la détérioration de la route pourraient également avoir un impact positif sur les problématiques de pauvreté des habitants de la zone autour de la route et sur leurs pratiques quotidiennes. La plupart de ces habitants sont des paysans ou des commerçants qui profitent de la circulation sur la route pour proposer leurs services et leurs produits. La région est surtout connue pour sa poule au pot : un pot-au-feu fait avec des légumes, des fruits et bien sûr, de la poule fermière. Cette caractéristique a fait naître l’idée de créer le Festival de la Poule dans le but de promouvoir l’appropriation sociale et le tourisme dans la région. Avec le temps, les idées des mouvements «slow food» et «cittaslow» ont commencé à être adoptées pour la gestion d’autres projets que la Société prévoyait de mettre en place. L’idée était que la route soit considérée comme un lieu de repos et de tourisme, où les gens pourraient se garer pour apprécier le paysage et pour goûter l’offre gastronomique des restaurants, de façon à valoriser les coutumes traditionnelles. De la même manière, la Société a souhaité favoriser l’auto-durabilité de ces restaurants grâce à la culture de leurs propres produits. De là est venue l’idée de baptiser “Route Lente” la route qui relie Pereira et Marsella («slow way», en anglais).
Parallèlement à ces stratégies visant à promouvoir le tourisme ainsi que l’appropriation et l’autogestion du territoire, la Société d’Améliorations Publiques de Marsella a compris que le changement climatique, en provoquant des pluies fortes et inattendues dans la région, était la raison de fond qui expliquait les éboulements et les glissements de terrain sur la Route. Ainsi, en 2010, ses membres ont organisé la «Première Rencontre de Routes à flanc de montagne et le Changement climatique”, et le “Premier Séminaire sur l’Érosion et le Changement climatique” ainsi que la conférence « Le Paysage Culturel de la Région du Café depuis la Perspective du Changement climatique ». Au cours du premier événement, un accord a été conclu entre l’Université Technologique de Pereira et le Comité Départemental des Producteurs de Café, portant sur la création d’un Bon Civique qui fournit les ressources nécessaires pour engager des personnes chargées de l’entretien de la Route. L’argent, qui a été collecté grâce à l’appui de la population par l’achat des bons, a servi non seulement à payer deux employés pour le nettoyage et l’entretien de la Route, mais aussi à réaliser des formations sur la bonne utilisation de la terre, et à imprimer des tracts et des livrets de sensibilisation.
Il est nécessaire de s’arrêter un moment pour en savoir plus sur l’idée de la création de ce Bon Civique. Marsella est historiquement connue pour son souci et son attachement à la protection de la dimension environnementale de son territoire. Elle porte le nom de Municipalité Verte de Colombie et elle a obtenu le Prix Global 500 de l’ONU, du fait que l’un de ses habitants, M. Manuel Salazar, avait assuré la plantation d’un arbre chaque jour dans la municipalité. Ses stratégies de préservation des forêts remontent en fait à 1979, lorsque la municipalité a commencé à souffrir d’une grande pénurie d’eau, ce qui a donné lieu à la création d’un “Bon de l’Eau” par le décret municipal 002 de cette même année. Le Bon était un document de nature civique qui pouvait être acheté volontairement par les citoyens à un prix modique. Les ressources provenant de sa vente ont été consacrées à l’achat par la Municipalité de terrains près du torrent La Lonja, proche de ce que l’on connaît aujourd’hui comme la Route Lente. Ils ont ensuite été abandonnés à la Nature, afin de servir de zones de préservation des forêts, en évitant ainsi l’assèchement du Bassin.
C’est de cette expérience que la Société d’Améliorations Publiques de Marsella a tiré l’idée, en 2011, du Bon Civique qui a rendu possible l’entretien de la Route. Plus tard, en Octobre 2012, l’Université des Andes et le Ministère de l’environnement et du développement durable, ont lancé le premier Concours National de Stratégies Urbaines pour l’Atténuation du Changement climatique. La Société a décidé d’y présenter sa candidature avec un projet bien sûr centré, avant tout, sur les solutions d’atténuation du changement climatique qui pouvaient commencer à être mises en place sur la Route Lente, mais sans perdre de vue les actions intégrées entraînant l’amélioration de la qualité de vie des habitants des alentours.
Le Projet qui a été présenté au concours constitue actuellement le plan d’action de la Société. Il est composé de treize activités différentes, parmi lesquelles on peut souligner celles relatives à l’atténuation du changement climatique : la formation des chauffeurs de transports en commun membres de la Coopérative des Transporteurs de Marsella pour économiser du carburant et réduire les émissions de gaz grâce au contrôle du régime constant des moteurs dans les véhicules ; la réalisation de campagnes de promotion du covoiturage et d’utilisation des bus ; la réalisation d’une étude et la création d’un “District de Gestion Intégrée des Sols” pour que l’utilisation du territoire soit propice à la protection de la route à flanc de montagne, ce qui implique de remplacer – par exemple – l’élevage par la culture de couches végétales qui stabilisent le sol et qui protègent ainsi la Route ; la plantation d’un million d’arbres et l’installation de cuisinières efficaces dans les restaurants et dans les maisons utilisant actuellement des cuisinières à bois ; la participation à la révision du Plan Fondamental d’Aménagement du Territoire afin de promouvoir la densification démographique tout le long de la Route en vue d’une utilisation plus efficace des transports en commun ; et la construction de digesteurs biologiques dans les élevages de porcs situés aux alentours de la Route, ce qui faciliterait l’utilisation du gaz méthane dans les cuisines de ces mêmes éleveurs de porcs. Une partie de ces activités a déjà commencé à être mise en place. L’autre se trouve encore en phase de structuration. La Société d’Améliorations Publiques de Marsella se réunit tous les deux mois pour faire le suivi du projet.
Malgré le fait que le projet envoyé au Concours National de Stratégies Urbaines pour l’Atténuation du Changement climatique ait été présenté comme une initiative de Marsella et qu’il ait obtenu le premier prix dans la Catégorie 1 (Municipalités de moins de 30.000 habitants) en Décembre 2012, la Société attend toujours l’aide technique prévue en récompense. Par ailleurs, même si la Préfecture du Risaralda et la Mairie de Marsella ont contribué, en 2011, à l’entretien de la Route en engageant cinq travailleurs supplémentaires, cette aide est actuellement interrompue du fait de problèmes budgétaires et administratifs. La Société espère que d’autres institutions – y compris la Mairie de Pereira – adhéreront au Modèle de Gestion Routière Intégrée, grâce à un appui pas forcément financier, mais aussi sous forme de capacité de travail, de gestion et d’accompagnement.
Quoi qu’il en soit, pour la Société d’Améliorations Publiques de Marsella, la clé de son succès et de l’aboutissement de ses objectifs dans le futur, est que le projet de la Route Lente soit conçu et exécuté par la société civile. Ceci lui donne une indépendance et une autonomie par rapport aux dynamiques politiques qui pourraient exister au sein des administrations locales. Les membres de la Société considèrent alors que l’expérience de la « Route Lente » ou le « Modèle de Gestion Routière Intégrée » puissent être répétés dans tout autre endroit se trouvant dans une situation similaire.
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La Colombie est un pays traversé par trois cordillères ; plus spécifiquement, le département du Risaralda est bordé par les Cordillères Centrale et Occidentale, ce qui implique que les différentes municipalités soient reliée par un réseau de routes à flanc de montagne. En plus des périodes de fortes pluies et de l’évidente vulnérabilité de ce type de routes aux éboulements et aux glissements de terrain, il faut ajouter des irrégularités constantes dans le système des contrats d’agents privés pour la construction et la réparation des routes et le manque d’action du secteur public dans ce domaine.
Constatant le déficit du réseau routier que présente le pays, il est important et intéressant de souligner une initiative provenant de la population et qui concerne l’entretien d’une route. On peut comprendre les succès obtenus jusqu’à présent par la Société d’Améliorations Publiques de Marsella si on analyse attentivement les facteurs spécifiques qui les ont facilités. D’abord, Marsella est une municipalité avec une importante tradition de préservation des forêts. Il y existe une culture de protection des ressources naturelles puisque les habitants sont conscients que leur extinction affecte le bien-être de la population. Par ailleurs, Marsella est une petite municipalité, de moins de 30.000 âmes. Dans des endroits avec de faibles indices démographiques, il est courant que les gens se connaissent et aient des relations de famille ou d’amitié. Cela crée une confiance et facilite une diffusion plus efficace des initiatives telles que le Modèle de Gestion Routière Intégrée. Ceci pourrait alors expliquer le succès de la promotion du Bon Civique, qui a permis aux citoyens de fournir un apport économique volontaire pour une activité qui allait être mise en place (embauche de travailleurs chargés de l’entretien de la Route). Finalement, la Société d’Améliorations Publiques de Marsella n’a pas été étrangère à la prise de contact avec des entités telles que la Préfecture, l’Université Technologique de Pereira, le Service National d’Apprentissage-SENA ou la Mairie de Marsella. Les bonnes relations nouées avec d’autres agents et la présentation de besoins concrets (ex : formation de chauffeurs, embauche de travailleurs) qui se démarquent des demandes de financement habituelles, créent un climat de sérieux et de crédibilité qui favorise la décision des tiers de participer à cette initiative.
Malgré le fait que l’autonomie et l’indépendance de la Société face aux changements de dirigeants ou aux priorités de différentes administrations locales représentent un avantage pour la continuité de l’expérience, il est incontestable qu’une plus grande implication des agents politiques augmenterait les possibilités de succès des projets et la rapidité des résultats. Ceci, non seulement grâce aux avantages budgétaires dont disposent les municipalités, mais grâce aussi à la possibilité que certaines activités soient intégrées dans les politiques publiques. La normativité est plus solide et plus forte lorsqu’elle dispose de la légitimité de ceux qui l’accueillent et quand son fondement réside dans le travail et l’intérêt préalables des habitants.
Pour continuer à traiter le sujet de la relation avec les agents politiques, il est important de souligner que, bien que la Route Lente relie Pereira et Marsella et que la préfecture du département du Risaralda exerce sa juridiction sur la moitié de cette route, la Mairie de Pereira n’a été impliquée dans aucune des étapes de cette initiative. La Route Lente a été administrée et gérée uniquement par la population de Marsella. Ainsi, le rapport de cette expérience avec notre étude de stratégies concernant le changement climatique à Pereira, repose non seulement sur le fait que la Route Lente est l’un des axes de communication essentiels entre Pereira et d’autres municipalités, mais aussi que l’Administration ne s’est pas impliquée dans le Modèle de Gestion Routière Intégrée. Il faut se demander, alors, quel serait le rôle de la Mairie de Pereira si elle décidait d’articuler ses actions avec une initiative déjà bien avancée.
Par ailleurs, il serait nécessaire de réaliser une étude technique pour mesurer les résultats de la réduction d’émissions de dioxyde de carbone et de concrétiser en même temps les activités recommandées par la Société afin d’obtenir des conclusions chiffrées sur leur efficacité. Cependant, et indépendamment de la possibilité d’application de cette étude, on peut affirmer que la stratégie de la Route Lente contribue à l’atténuation du changement climatique dans la mesure où elle facilite une transformation des modèles de consommation et de productivité des habitants et des visiteurs de la région. C’est une étape vitale pour la consolidation d’une population informée qui puisse comprendre la problématique du changement climatique et agir en conséquence.
Or, au-delà des progrès obtenus au sein de la population, il est nécessaire de compter sur les autres solutions structurelles proposées - plus spécifiquement, celles qui ont un rapport avec l’aménagement du territoire de la région et le “District de Gestion Intégrée des Sols”. Si on problématise ces activités proposées, surgissent plusieurs questions : La densification démographique de la zone qui entoure la Route augmenterait-elle les niveaux de vulnérabilité et de risque ? De quelle manière le Plan Fondamental d’Aménagement du Territoire de Marsella pourrait-il être articulé avec celui de Pereira, en considérant que la juridiction de la Route est partagée ? Quelles seraient les cultures les plus appropriées pour réduire les risques d’éboulement et de glissement de terrain ? De quelle manière pourrait être effectuée la transition entre élevage ou cultures vers la plantation de couches végétales qui stabilisent et protègent les versants? C’est là où on a besoin de l’appui technique d’institutions d’enseignement universitaire qui puissent soutenir et guider le travail de la Société. Le rôle de l’université est fondamental pour l’application efficace des stratégies d’atténuation et d’adaptation proposées.
Finalement, il faut souligner la qualité autonome et civique de cette expérience. C’est sans doute là sa principale force, car elle a favorisé les progrès obtenus jusqu’à maintenant, et certainement ceux que l’on obtiendra à l’avenir. En ce sens il est important, pour pouvoir reproduire cette expérience ailleurs, de tenir compte des facteurs historiques, démographiques et sociaux qui ont créé un contexte spécifique favorable à la réactivation et l’action de la Société d’Améliorations Publiques de Marsella.
Bibliographyy
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Proposition de projet d’atténuation du Changement Climatique : Modèle de Gestion Routière Intégrée pour la route Pereira-Marsella-San Francisco. “Route Lente”, présentée au Concours National de Stratégies Urbaines pour l’Atténuation du Changement Climatique.
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Notes
Fiche traduite de l’espagnol au français par Joseph Cheer.
- El Plan “Montería Ciudad Verde 2019”
- El Parque Lineal la Ronda del Sinú: dándole la cara al río.
- La primera Vía Lenta de Colombia
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- « Cali, ville de l’eau » : vers une gouvernance de l’eau
- Le plan d’adaptation au changement climatique de Carthagène
- Texto completo de las 32 fichas de experiencas
- Ciudades colombianas y cambio climático