note de lecture
Pour une attaque à la barbarie qui constitue l’ordre injuste du monde
La réforme de l’ONU et le mouvement altermondialiste de Gustave Massiah
Auteur : Gustave Massiah
Par Corinna Jentzsch
juin 2005« L’enjeu aujourd’hui est considérable. Il s’agit de la construction d’un système international et d’instances politiques qui contreviennent à la globalisation des échanges économiques et à la primauté du marché mondial. Il s’agit aussi de répondre à la construction de la paix et au règlement des conflits dans un monde où la guerre devient la règle. Il s’agit enfin de s’élever contre l’unilatéralisme et les inégalités géopolitiques, ainsi que de sortir du tête à tête entre les Etats et les entreprises en laissant une place à de nouveaux acteurs, notamment le monde associatif et les collectivités locales. »
« Pour faire avancer la civilisation, il faut s’attaquer d’abord à la barbarie que constitue l’ordre injuste du monde. Si une instance mondiale est plus que jamais nécessaire, les Nations Unies ne pourront jouer ce rôle que si elles sont profondément transformées pour être adaptées à la nouvelle situation, aux enjeux de la période et à de nouveaux objectifs. Une réforme radicale est nécessaire »
Table des matières
Gustave Massiah
Gustave Massiah est président du CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement - mouvement qui regroupe une cinquantaine d’associations impliquées dans la solidarité internationale) et vice-président d’ATTAC. Il est l’une des figures françaises de l’altermondialisme.
Cette étude s’inscrit dans une logique de réforme radicale de la régulation sociale internationale et du système des Nations Unies. Après avoir dressé l’état des lieux du système international, l’auteur propose une démarche pour le réformer, incluant le rôle que le mouvement altermondialiste peut jouer dans ce processus.
Bien qu’il y ait de nombreux acteurs sur la scène internationale, Massiah considère les Nations Unies comme cadre stratégique : « elles sont les seules à détenir une légitimité qui se réfère à un intérêt collectif international commun, qui se veut une étape vers l’intérêt de l’Humanité ; elles remplissent plus ou moins bien la fonction d’une communauté politique nécessaire au fondement du droit international ». C’est la raison pour laquelle la question de la réforme de l’ONU est devenue tellement centrale. Après les transformations au niveau international au cours des années 1970 (décolonisation), puis 1990 (renforcement de l’hégémonie idéologique suite à la chute du mur de Berlin et émergence du mouvement altermondialiste), les Nations Unies sont confrontées à deux défis : « la préservation de la paix et le règlement des conflits » d’une part, « la création d’un cadre international favorable à la transformation des sociétés dans le sens de la lutte contre la pauvreté et les inégalités et de l’amélioration des conditions de vie des peuples » d’autre part. Néanmoins, les Nations Unies ne peuvent pas répondre à ces défis car, au sein du système, les questions économiques et politiques sont séparées et traitées par diverses organisations spécialisées. Cette fragmentation institutionnelle est contraire aux liens réels entre paix et développement. Par conséquent, la refondation des Nations Unies doit prendre en compte les deux dimensions de la question.
Deux impératifs sont proposés comme base de cette refondation : « une nouvelle constitution du monde fondée sur la démocratie mondiale » et « un contrat social mondial fondé sur le respect et la garantie des droits, tant civils et politiques, qu’économiques, sociaux et culturels ». En ce qui concerne la démocratie mondiale, il est souligné qu’il s’agit d’un processus pratique et non pas d’une application théorique d’un système idéal – ce cheminement « permet de relier élaboration et mouvements, mobilisation et travail intellectuel, théories et pratiques sociales ». Le droit international, fondé sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et la Charte des Nations Unies, est au centre de la formulation d’un nouveau contrat social mondial.
Ces impératifs déterminent des réformes dans cinq domaines : l’universalité des droits, l’annulation de la dette, la fiscalité internationale, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, la réforme des institutions financières internationales. Le projet de réforme radical s’inscrit par conséquent dans les revendications suivantes :
• La démocratisation du fonctionnement des institutions qui doivent mettre en œuvre la régulation internationale
• La mise en place d’outils de régulation qui implique un renversement des orientations dominantes dans le système économique et social mondial autour de la primauté donnée au marché mondial.
• La mise en place d’instances d’arbitrage et de recours efficaces.
• L’intégration effective dans le système direct des Nations Unies des institutions financières et commerciales internationales, FMI, Banque mondiale, Société Financière Internationale et OMC.
• L’inscription de la réforme des Nations Unies dans la perspective d’une nouvelle constitution du monde.
Références documentaires
MASSIAH, Gustave, « La réforme de l’ONU et le mouvement altermondialiste » . Disponible sur : http://www.lagauche.com/lagauche/article.php3?id_article=1197
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