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Analyse

Construction des Indicateurs de gouvernance

Les enjeux de la construction des indicateurs de gouvernance illustrés par les approches de la Banque mondiale, de la Commission européenne et du PNUD

Par Carole Charles, Viktoria Dijakovic, Micha Kaempfer, Maria Kozlova

Cette note comprend une série d’articles:

  • Comment matérialiser la bonne gouvernance ? Note d’analyse

  • Quelle place pour la voix des populations? Note d’analyse

  • Jacques Ould Aoudia, MINEFE Rapport d’entretien

  • Joachim Nahem, PNUD Rapport d’entretien

  • Séverine Bellina, MAEE Rapport d’entretien

Table des matières

Introduction

La première note d’analyse aborde le sujet de la construction des indicateurs de gouvernance. Premièrement nous présenterons le contexte institutionnel lié à leur émergence et la manière dont ils sont utilisés par les bailleurs de fonds. Ensuite, dans la partie analytique, deux sujets controversés seront discutés. Il s’agit d’une part de la transparence des indicateurs et, d’autre part, de l’intégration des différentes données subjectives et objectives dans la mesure de la gouvernance. A travers cette démarche nous chercherons à identifier les principales lacunes liées à la construction des indicateurs et comment de potentielles réformes peuvent être envisagées. Finalement, nous étudierons dans quelles mesures la construction d’un indicateur peut influencer la qualité du dialogue entre bailleurs de fonds et pays en développement.

Il ressort de cet article que la transparence à la fois des méthodes de construction et des résultats aux évaluations constitue le premier garant d’un dialogue équilibré entre les différents acteurs. Qui plus est, l’intégration de données reposant sur des perceptions reste le principal défi lié aux indicateurs de gouvernance. Concernant les futures réformes à mettre en place sur le plan de la construction, elles devront se pencher prioritairement sur deux défis. Le premier se rapporte à la transparence totale des indicateurs afin de rendre les données accessibles au public. Le second concerne l’emploi d’une méthodologie largement compréhensible pour toutes les parties prenantes. Les « créateurs » des indicateurs doivent également se montrer honnêtes quant aux limites inhérentes à la fonction des indicateurs de gouvernance et publier leur « mode d’emploi ». La seconde note d’analyse se penche quant à elle de manière plus détaillée sur deux aspects de la problématique liée à la construction des indicateurs de gouvernance. Dans un premier temps, il s’agira d’analyser la diversité et la transparence des sources utilisées par la Banque mondiale et la Commission européenne dans la construction de leurs indicateurs/profils et par le PNUD dans son assistance à la construction des indicateurs sur le terrain. Dans un second temps, nous nous tournerons vers le degré de participation des populations concernées et des organisations la société civile dans le processus de construction des indicateurs. Deux conclusions majeures se dégagent. Premièrement, les approches des trois institutions diffèrent énormément. La Banque mondiale s’appuie sur une variété plutôt restreinte de sources provenant généralement du réseau de la Banque elle-même. La Commission européenne fait également preuve d’une forte tendance à s’orienter vers des sources internes et non transparentes. Le PNUD choisit quant à lui ses sources au cas par cas, en fonction du pays concerné. Il cherche à intégrer une palette de sources diversifiées, notamment en incluant de nombreuses sources locales, telles que le Ministère national des statistiques. Deuxièmement, l’émergence au cours de la dernière décennie du débat concernant l’inclusion des voix des populations locales et de la société civile démontre clairement qu’il existe une volonté participative au niveau de la construction des indicateurs. Toutefois, le degré effectif de participation reste faible, particulièrement dans les cas de la Banque mondiale et de la Commission européenne.

Le rapport d’entretien avec Jacques Ould Aoudia, créateur d’une nouvelle base de données institutionnelle reliée au Ministère français de l’Economie, des Finances et de l’Emploi, a pour but d’éclaircir le discours relatif à la subjectivité des données reposant sur des perceptions. Jacques Ould Aoudia nous présente sa méthode d’évaluation de la « bonne gouvernance », celle des « Profils institutionnels », et répond aux grandes interrogations concernant l’élaboration des questionnaires. Le rapport d’entretien avec Joachim Nahem se penche de manière détaillée sur le « Projet des Indicateurs de Gouvernance » du PNUD. Cette approche développée par le Centre de Gouvernance d’Oslo ne cherche aucunement à créer un panel d’indicateurs propres au PNUD mais simplement à mettre l’accent sur certains champs thématiques clé de la gouvernance démocratique. Joachim Nahem répond à nos questions concernant le choix des indicateurs sur le terrain, en accord avec les pays partenaires, et évoque l’importance de la transparence des sources et des résultats.

Le rapport d’entretien avec Séverine Bellina poursuit deux objectifs. D’une part il se penche sur une quatrième approche de la gouvernance, celle de la France en tant qu’acteur bilatéral et évoque le récent changement de cap de cette dernière en matière de construction et d’utilisation des indicateurs. D’autre part, Séverine Bellina s’exprime également à titre personnel sur le rôle général des indicateurs de gouvernance ainsi que sur les mécanismes d’inclusion de la voix des populations et de la société civile dans les stratégies de gouvernance.

 

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