Chapitre d’ouvrage
Les échelles de gouvernance en débat: articuler sans opposer/ Les dilemmes identitaires des régions infranationales: intégration ou destruction?
Par Suheyl Batum, Frieda Brepoels, Ricard Ramon I Sumoy
Ouvrage(s) : Chroniques de la gouvernance 2007
Table des matières
La valorisation d’identités spécifiques, notamment régionales, n’implique pas nécessairement une fragmentation du lien politique avec l’État central. Certes, le renforcement de nouvelles échelles d’identification politique a alimenté – et continue d’alimenter – un processus assez dynamique de désintégration et de prolifération de nouveaux États. Mais la question de l’identité et de l’intégration politique peut aussi être posée en des termes différents, au-delà d’une lecture binaire du phénomène qui consisterait à opposer souveraineté nationale et séparatisme. Comme nous le suggère Frieda Brepoels dans l’interview que nous proposons ici, la fragmentation n’a rien de nécessaire. Elle peut être évitée à condition que soient inventées de nouvelles articulations entre différentes échelles de gouvernance, locales, nationales et supranationales : ce faisant, elle nous invite à repenser la notion de souveraineté nationale. Un tel exercice de distanciation vis à vis de l’État nation suppose un certain nombre d’in- novations institutionnelles : ce peut être une lecture de l’exemple catalan. Il suppose également le benchmarking, une posture intellectuelle ouverte qui consiste à tirer les enseignements des expériences étrangères dans le traitement d’un problème donné. Ainsi, peut-être le compromis entre la Chine et Taïwan pourra-t-il apporter un éclairage nouveau sur le statut à donner à la partie nord de Chypre. L’exemple kurde vient cependant souligner la difficulté d’un exercice où la ténacité des idées séparatistes vient hypothéquer les chances de nouvelles formules de gouvernance.