ficha de lectura
La Chance des quartiers
Récits et témoignages d’acteurs du changement social en milieu urbain
Autor : PEDRAZZINI, Yves, ROSSEL, Pierre, BASSAND, Michel, ARCI=ASSOCIATION POUR LA RECHERCHE COOPERATIVE INTERNATIONALE,
17 de noviembre de 2011Programa Coproducción de la acción pública
Cuaderno Participation des citoyens à la gestion urbaine et à la conception de l’espace construit
Palabras clave : ciudadanos Política UrbanaContenido
Dix récits-témoignages composent la première partie de ce dossier et illustrent les propositions de l’ARCI - Association de recherche coopérative internationale - concernant l’observation du changement social. Il y a deux façons, dit l’Arci dans son introduction, d’analyser le changement social : depuis une chaise où l’on observe les gesticulations des acteurs, ou depuis l’action où l’on s’immerge avec eux. C’est la deuxième méthode qui est retenue ici, les récits étant proposés par des travailleurs sociaux, des animateurs urbains ou des membres d’associations de quartier, qui sont à la fois chercheurs et acteurs. Toute analyse de la réalité nécessite une observation prolongée et une bonne connaissance des lieux, des gens et des enjeux : c’est pourquoi ces expériences racontées s’étalent parfois sur plusieurs années.
A Lives-sur-Meuse, en Belgique, le Groupe de recherche-action participative tente de stimuler les initiatives des habitants et de promouvoir ainsi un changement social par le bas. Exemple : des associations d’habitants, une société d’habitat populaire, la municipalité et la police font appel à l’association pour lutter contre la drogue et la délinquance et favoriser un meilleur climat. Le Grap propose de donner la parole aux habitants du quartier pour connaître leur approche de la question et rechercher des solutions. Le travail de concertation débouche sur la création qu’un comité de quartier qui se place en interlocuteur face aux institutions locales et élabore des propositions concernant l’aménagement de lieux de loisir et de convivialité, des équipements de sécurité et de propreté, des activités de communication interne au quartier et la participation collective lors de fêtes pour renforcer leur solidarité et leur identité. Un processus de dialogue, qui passe aussi par la confrontation d’intérêts divergents, se met en place. Des projets se concrétisent, les habitants deviennent acteurs de leur propre développement.
A Lausanne, un centre culturel désire proposer aux jeunes des activités pendant les périodes de vacances. Il adopte une démarche originale: établir un dialogue avec des groupes d’adolescents et leur proposer de concocter avec eux leurs propres vacances. Après une période de jaillissement d’idées, ceux-ci proposent un rallye-découverte automobile à travers l’Europe. Projet audacieux qui supposera une mise au point minutieuse, la recherche de financements, etc. Mais la formule a du succès et les raids sont désormais reconduits chaque année, accompagnés de reportages réalisés par les jeunes eux-mêmes et diffusés dans la presse radio et télé ou au cours de rencontres. L’expérience fait des émules et le centre culturel joue occasionnellement un rôle de consultant auprès de jeunes d’autres quartiers désireux d’organiser par eux-mêmes leurs propres vacances. Selon le présentateur de l’expérience, une seule recette : la motivation. Avec elle, rien n’est impossible !
Autres quartiers, autres expériences : réhabilitation de l’habitat, autogestion de centres sociaux, etc. Selon les auteurs, deux obstacles s’opposent fréquemment à la mobilisation active des acteurs locaux. D’une part, le manque de confiance des habitants dans leurs propres capacités. D’autre part, les enjeux de pouvoir des administrations et des politiciens locaux, qui manient le discours de l’autopromotion tout en tentant de maîtriser les initiatives locales et de préserver leur pouvoir de décision.
En conclusion, une recommandation méthodologique à l’attention des chercheurs : l’Arci propose, pour comprendre les processus de transformation sociale, de préter attention à ce qui bouge, c’est-à-dire d’observer les dynamiques plutôt que de décrire des situations, et notamment les dynamiques culturelles. La crise économique, dit Paul-Henri Chombart de Lauwe, est aussi une crise culturelle dans le sens où ce sont les choix de développement qui sont à la source des erreurs d’orientation et des blocages. L’analyse du changement social suppose donc de mettre au coeur du dispositif d’observation une réflexion sur le pouvoir de décision.
Commentaire : Il n’est pas toujours aisé d’être à la fois acteur du changement social et chercheur ! Certains récits sont très précis mais d’autres se précipitent sur l’analyse sans que l’on sache toujours très bien sur quelle réalité concrète s’appuie l’auteur. Si cela contribue toujours au débat d’idées entre spécialistes, cela peut rendre le récit trop abstrait pour le lecteur peu au fait de la dynamique des quartiers populaires et qui recherche avant tout des illustrations concrètes pour éclairer sa lanterne. Bien que stimulant, le discours quelque peu universitaire de l’Arci reste également difficile d’accès pour le profane.
GUIHENEUF, Pierre Yves
GEYSER : Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources : La chance des quartiers, FPH in. Dossier pour un débat, 1994 (France), n° 31