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Séance 2 - Séminaire « Capitalisme philanthropique »

(02/12/2015)

3 décembre 2015

Table des matières

Pour rappel, ce séminaire pluriannuel et fermé sur le « Capitalisme philanthropique « , à l’initiative de IRD-CIRAD-FMSH-GRET, interroge la conciliation entre logique de rentabilité et de solidarité dans le développement et plus spécifiquement en matière de coopération internationale. Il fera l’objet d’une publication finale en français et en anglais.

Pour sa séance 2, deux propos étaient introduits pour lancer les discussions:

  • depuis le point de vue des fondations avec Bathylle Missika qui suit depuis le Centre de développement de l’OCDE le Réseau des fondations pour le développement

  • depuis le point de vue des investisseurs avec Gaspard Verdier de la société Simandef, spécialisée dans les investissements à impact social (impact investing)

Conclusions générales:

  • perspectives intéressantes sur les stratégies d’action et de partenariat des nouveaux philanthropes et des fondations vis à vis de leurs investissements

  • point de vue un peu trop « angélique » de la part de l’OCDE sur le rôle et les limites de ces nouvelles philanthropies

  • questionnements intéressants sur le rôle de ces acteurs dans la gouvernance et l’action publique de façon générale

  • fort intérêt pour poursuivre ces discussions à l’occasion de la prochaine séance (13 janvier 216) autour de l’intervention d’Eve Chiapello EHESS sur: « Les nouvelles formes du capitalisme philanthropique aux vues des autres formes d’évolution du capitalisme: Changement de modèle ou adaptation? »

NB: ce fut l’occasion pour ED de rencontrer Nicole Alix (identifiée pour renouvellement gouvernance IRG 2) et de lui dire l’intérêt de l’IRG à la rencontrer prochainement, ce à quoi elle nous a d’ailleurs invité!

Eléments de synthèse des interventions:

1/ Bathylle MISSIKA - OCDE: les fondations dans l’univers du développement

Constat: monde du développement et monde des fondation ne se parlent pas

Fondations: ne sont ni des acteurs publics, ni des acteurs privés à but lucratif, ni la société civile

Secteurs d’activités des fondations: secteurs mesurables (Ex: services sociaux de base, culture, droits humains, entrepreneuriat) alors que sont délaissés les secteurs liés à la gouvernance, à la fragilité des Etats, etc.

Typologie des acteurs des fondations:

  • 1er cercle: un tout petit noyau investit sur les questions de développement (Ex: Fondation Ford, Hewlett, Mastercard)

  • 2ème cercle: les fondations « catalytiques » qui réalisent des investissements très stratégiques et ont une volonté d’alliance après aoir constaté qu’elles ne pouvaient agir seules (Ex: Shell)

  • 3ème cercle: celles qui agissent seules et de façon dispersée

Enjeux:

  • renouvellement des modalités d’action des fondations catalytiques: qui s’orientent vers des stratégies d’action partenariales très réfléchies (notamment des partenariats public-privé, et implique qu’elles renoncent à une part de leur autonomie), qui calculent leurs impacts (notamment impact social), s’intéressent au retour sur investissement et changent ainsi leurs produits financiers et modalités de soutien, mais pour autant acceptent les démarches d’essai-erreur

  • articulation entre les acteurs et les échelles d’action : comment mettre les acteurs en lien, casser les cloisonnements, travailler avec les autorités publiques et garantir des actions qui contribuent au changement d’échelle

2/ Gaspard Verdier - Société Simandef/ conseil auprès des fondations familiales

Evolution de la philanthropie et des nouveaux philanthropes (c’est à dire ceux qui ont constitué leur fortune à partir du succès de leur travail et de leur entreprises - ex: Bill Gates, Mark Zuckerberg):

  • passage d’un appui aux OSC/ONG à d’autres types de soutien envers des entrepreneurs sociaux

  • peu importe l’outil financier: frontière de + en + floue entre le don et la subvention

  • travaillent à des notions d’écosystèmes: ils attendent des structures qu’ils soutiennent qu’elles veillent à un écosystème leur permettant d’aller de l’idée au projet, qu’elles développent un business-plan pour savoir si c’est rentable ou pas, qu’elles veillent à ce que l’investissement dont elles bénéficient, participe au changement d’échelle d’une pratique innovante qui sera un embryon de réponse à la problématique qui tient à coeur le financeur

  • soutien de démarches essai-erreur (preuve de concept)

  • soutien de démarches de plus long terme (5 à 10 ans) avec vocation de pérennité (rentabilité?): cela requiert des investisseurs patients qui peuvent attendre un retour sur investissement faible

Enjeux:

  • avoir un univers de capital et d’investissement qui permette de libérer la ressource philanthropique et la concentrer sur l’innovation, l’amorçage de situation pilotes à vocation à soutenir à terme des projets de plus grandes envergure en réponse à des besoins sociaux (Ex: Husk project d’électrification en Inde soutenu par autorité publique indienne à mi parcours puis par gros investisseur international à terme pour amplification de l’action) ou le soutien à des politiques publiques plus lourdes

  • enjeu que ce type de modèle (investissement à impact social au delà du profit) fonctionne comme une alternative intéressante au bénéfice du plus grand nombre

Notes

Pour info, quelques éléments complémentaires avec les questions qui ont animées les courtes discussions suite aux interventions:

Questions du groupe:

  • Existe-t-il des études sur les motivations de ces financeurs au delà de la philanthropie (conquête de marchés, motivation en termes d’image)?

Réponse des intervenants:

  • Peu importe les motivations finales des investisseurs, le tout est que cela contribue à des perspectives concrètes de changement pour les usagers et populations

Questions/Commentaires du groupe:

  • Ne pas tenir compte des valeurs sous-jacentes à l’action des financeurs interroge tout de même quant au sens et à la finalité de cette action

  • Que reste-t-il des politiques publiques des Etats endettés?

  • L’entreprise est désormais un indicateur de civilisation future, un levier de structuration des relations sociales

Réponse/commentaire des intervenants:

  • Les fondations ne tiennent pas toujours compte de l’économie politique des pays où elles interviennent

  • Difficulté à établir une cartographie des fondations et de leurs actions et partenariats car un grand nombre d’entre elles ne communique pas leurs données

  • Il y a effectivement un problème entre les nouveaux philanthropes qui ne sont pas la différence entre leur entreprise (celle avec laquelle ils ont constitué leur capital) et leur « entreprise philanthropique » (leur fondation à usage d’entreprise plutôt que de philanthropie)