Séance 1- Séminaire « Capitalisme philanthropique » (28/10/15)
A l’initiative conjointe de IRD-CIRAD-FMSH-GRET
Table des matières
Ce séminaire pluriannuel et fermé sur le « Capitalisme philanthropique ", à l’initiative de IRD-CIRAD-FMSH-GRET, interroge la conciliation entre logique de rentabilité et de solidarité dans le développement et plus spécifiquement en matière de coopération internationale. Il fera l’objet d’une publication finale en français et en anglais.
L’IRG y est associé suite aux discussions entre Elisabeth et Marc Levy au sujet de la rédéfinition du rôle de la puissance publique dans un contexte de développement des logiques d’entrepreneuriat social.
Dans sa première année (octobre 2015-juin2016), 6 séances seront organisées dont la première a porté le 28 octobre dernier sur « La géopolitique mondiale actuelle aide à comprendre les nouvelles formes du capitalisme philanthropique », soutenue par Bertrand Badie (Sciences Po).
1/ Observation générale:
L’exposé de Bertrand Badie a monopolisé le temps de cette première séance, ce qui amènera à revoir le format des prochaines pour privilégier une posture moins magistrale des intervenants et encourager des discussions de ce groupe de réflexion.
Certains ont trouvé que B. Badie ne traitait pas assez de la question des entreprises et des acteurs sociaux en émergence sur la scène internationale; c’est juste, mais cela n’était pas non plus la commande qui lui avait été faite par les organisateurs du séminaires.
Pour autant, je retrouve dans ces constats à l’échelle internationale, des éléments de débat commun à la question de l’économie collaborative en France ou encore celle des nouvelles technologies. Tout deux pointent en effet le constat d’un dépassement des paradigmes étatistes et économiques libéraux, qui rendent centrale la préoccupation pour une refondation du politique, là où un « troisième continent » (Cf propos de Benoit Thieulin lors d’un autre débat) est en train de naitre sous l’impulsion de logiques citoyennes, appuyées par les nouvelles technologiques… un troisième continent susceptible de constituer une nouveau lieu/une nouvelle forme d’espace public.
Pour finir, j’ai également des réserves sur son constat de B. Badie quant à l’effondrement du principe de territorialité. Je pense qu’il vaut parfaitement pour les Etats, mais pas pour les autres formes d’actions collectives qui au contraire foisonnent dans ce repli à la relocalisation.
2/ Éléments d’intervention de Bertrand Badie:
L’exposé de Bertrand Badie sur la place de la solidarité et de la philanthropie dans les relations internationales s’est essentiellement concentré sur la chute progressive des deux paradigmes dominants des relations internationales que sont (i) le paradigme de la puissance (politico-militaire) et (ii) le paradigme libéral.
Il explique cela par une inversion venant du fait que les puissances ont réalisé que la souffrance et la décomposition sociale étaient à l’œuvre de la plupart des conflits, et qu’au sortir de la décolonisation, le retour du social et des logiques de solidarité s’est ainsi fait sur la scène internationale au double motif de (i) l’échec des puissances occidentales à être des éléments régulateurs des crises au Sud et (ii) de l’échec du multilatéralisme pour faire face à la question sociale.
Si les tentatives de multilatéralisme ouvert aux acteurs sociaux se sont faites sous l’influence successive de Boutros Boutros-Ghali et de Koffi Annan, c’est finalement un retour au multilatéralisme « fermé », autour du G8, qui prévaut désormais.
Le passage au modèle solidariste à l’échelle internationale se fait au nom du principe de maximisation (Pour que tout le monde se porte bien, il faut que chacun se porte bien). Parallèlement, on constate un effondrement du principe de territorialité des Etats, qui ne savent plus gouverner en dehors de leur implantation territoriale, du fait de l’abolition des distances et de l’arrivée des nouvelles technologies.
Le tout contribuant à une atrophie du politique.
Notes
Séminaire « Le Capitalisme philanthropique : quelle redistribution pour quel humanitaire ? »
Quand on parlait de « Nord » et de « Sud », de pays développés et de pays en développement, de pauvres et de riches, les notions de coopération, d’aide, de solidarité, de conflits et d’humanitaire prenaient un certain sens. Ce sens n’a pas disparu et ces notions ne sont pas complètement obsolètes, toutefois le monde a profondément changé.
Face à ces mutations, les acteurs font évoluer leurs pratiques et leurs réflexions. En particulier certains expérimentent des modèles combinant rentabilité et solidarité. Qu’en est-il d’un tel « capitalisme philanthropique » ?
Comme incubateur de la recherche en France, la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH) a mis sur pied une nouvelle Plateforme, dirigée par Laetitia Atlani-Duault (IRD), et Jean-Pierre Dozon (FMSH), visant à relever le défi de mieux comprendre et d’accompagner les mutations à l’œuvre dans l’humanitaire, le développement et l’aide internationale en favorisant le dialogue et la collaboration entre les différents acteurs de la solidarité internationale.
Dans ce but la Plateforme organise un premier séminaire pluriannuel en partenariat avec l’IRD, le Cirad et le Gret, sous la conduite de Laetitia Atlani-Duault (IRD) et Marc Lévy (Gret). Au cours de six séances, d’octobre 2015 à juin 2016, pour ce qui est de la première année, de nombreux intervenants viendront discuter des différentes facettes du « capitalisme philanthropique » et de leurs évolutions. Nous vous invitions à vous joindre à cette réflexion collective et progressive, dont le résultat sera valorisé sous forme d’une publication (français/anglais).
Une première séance aura lieu mercredi 28 octobre, de 18 à 20h, à la Maison Suger (16-18 rue Suger 75006 Paris). Bertrand Badie professeur de relations internationales de Sciences Po, viendra exposer comment la géopolitique mondiale actuelle aide à mettre en contexte les nouvelles formes du « capitalisme philanthropique ».
Laetitia Atlani-Duault, Jean-Pierre Dozon, Marc Lévy
PROGRAMME DE LA 1ERE ANNEE:
Séance 1 / mercredi 28 octobre 2015 / La géopolitique mondiale actuelle aide à comprendre les nouvelles formes du capitalisme philanthropique.
Intervenant : Bertrand Badie (Sciences Po)
Séance 2 / mercredi 2 décembre 2015 / Les nouvelles philanthropies : fon-dations d’entreprises, « entrepreneuriat social /social business », fonds de dotation, « impact investments », etc. Nouvelle éthique, renouvellement des modèles ou générosité encore condescendante et domination des logiques de rendement et de performance ?
Intervenants : Bathylle Missika (OCDE); Gaspard Verdier (consultant en en-trepreneuriat social et « impact investing »).
Séance 3 / mercredi 13 janvier 2016 / Les nouvelles formes du capitalisme philanthropique aux vues des autres formes d’évolution du capitalisme: Changement de modèle ou adaptation?
Intervenants: Eve Chiapello(EHESS); Fabienne Pouyadou (CARE) pressentie.
Séance 4 (début mars)/ Le capitalisme «responsable» (Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises) est-il une forme d’adaptation/évolution différente de la philanthropie?
Le cas des principes de l’OCDE et de leur application (reporting non financier, Point de Contact National, soft law).
Intervenants: Jean- Marie Paugam (direction du Trésor, président du Point de Contact National français); Jean-Marc Fontaine (Total. Vice-président social business et sociétal).
Séance 5 (mi-avril)/ Capitalisme pluriel: les différentes formes d’entrepreneuriat (familial, social, salarial, mutualiste, coopératif, industriel, multinational) ne s’excluent pas, dans les faits elles coexistent et idéalement sont régulées au sein des politiques publiques: le cas de l’agriculture.
Intervenants: Bruno Losch (Cirad); Emmanuel Marchant (Danone).
Séance 6 (début juin)/ Le capitalisme philanthropique dans le secteur de la santé : industrie pharmaceutique, fonds verticaux internationaux, actions humanitaires d’urgence, etc.
Intervenants: Michel Lescann (Entreprise nutriset), X scientifique en cours d’identification)