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Chapitre d’ouvrage

Etat, gouvernement, démocratie: approfondissement d’une relation, réinvention d’une institution/ Démocratie participative et gouvernement éclairé: l’usager-citoyen face à l’Etat

Par Pascal Percq

Ouvrage(s) : Chroniques de la gouvernance 2007

Table des matières

À la fin de De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville lançait un avertissement au lecteur, en soulignant les risques de dérive despotique d’un gouvernement représentatif, centralisé, et technocratique par essence. La construction des enjeux politiques par une « aristocratie » d’experts serait grosse de menaces pour la vitalité de la démocratie : elle priverait les citoyens, réduits au statut de débiteurs passifs de politiques publiques, d’un véritable accès au processus décisionnels, et expliquerait un certain désintérêt pour la chose publique. L’État fonctionnant selon ses logiques propres, celles notamment des luttes entre ministères pour l’attribution des enveloppes budgétaires, à quoi bon voter ? Mieux formés, mieux informés, plus autonomes qu’auparavant, car aussi mieux organisés, les citoyens demandent aujourd’hui un plus large accès au processus décisionnel : la société civile se mobilise, dit-on, face au gouvernement, elle devient acteur, partenaire de la décision publique. On peut s’étonner, avec Pascal Percq, que ce soit à l’occasion d’une élection présidentielle, point culminant du processus de désignation de la représentation politique, que le public en France a découvert de nouvelles formes de dialogue et de consultation, mises en pratique par Ségolène Royal à la faveur de débats dits « participatifs ». La base peut-elle avoir rendez-vous avec le sommet ? Comment, dans la multiplicité et la diversité des témoignages, distinguer ce qui relève de l’intérêt général ? Faut-il craindre une nouvelle forme de despotisme, démocratiste cette fois, où l’État, photographie de la société, incapable de gouverner, serait livré aux revendications catégorielles ? La présente rubrique nous invite à questionner la capacité du citoyen à jouer le rôle d’une force de proposition, qui soit de nature à permettre le passage d’un gouvernement technocratique à un gouvernement éclairé. Ce faisant, elle nous invite aussi à repenser le lien cosubstantiel qui unit les formes de gouvernement à la vitalité de la démocratie.