Un diagnostic de l’aide au développement qui force à l’approche politique

Les enjeux du développement et de l’aide publique au développement ont évolué et se sont complexifiés. La dichotomie Nord-Sud a perdu de sa pertinence, les questions environnementales imposent la notion de durabilité des modèles de développement, la crise économique et financière réduit de manière drastique la capacité des acteurs publics, l’État n’est plus le seul acteur de l’action publique. Cela est largement analysé et des propositions sont élaborées. Depuis plus d’une décennie maintenant, notamment face aux résultats mitigés des politiques d’aide néolibérales (dont l’exemple le plus parlant sont les programmes d’ajustement structurel), le dépassement de l’approche prescriptive et purement économique est prôné par de nombreux bailleurs et experts. Il conviendrait de mettre en place un « partenariat pour le développement » davantage centré sur le politique, le dialogue, le pragmatisme, le respect des contextes, l’approche intégrée, la responsabilisation des capacités locales, le jeu politique local. Dans le champ de l’appui à la gouvernance, la nécessité d’intégrer la dimension politique est souligné. Autrement dit, les approches convergent pour affirmer la necessité de passer de la logique de l’offre à celle de la demande. Et pourtant rien de tout cela ne s’est jamais traduit en véritable paradigme de changement des politiques d’aide au développement, y compris dans le champ de la gouvernance. La nature floue et difficilement opérationnalisable de cette perspective est notamment invoquée pour le justifier.