Jean-Marc de Boni est président du directoire de la société financière La Nef, une coopérative de finances solidaires. Créée en 1988, elle exerce une double activité de collecte d’épargne et d’octroi de crédit dans le cadre d’un agrément de la Banque de France. L’épargne collectée permet de financer la création et le développement de projets d’utilité sociale et environnementale.

Si, comme le veut la sagesse populaire, « l’argent gouverne le monde », alors qui gouverne l’argent ? Pouvons-nous continuer à penser qu’en matière d’usage de l’argent « les vices privés font la vertu publique » ? Pouvons-nous réellement croire que les plus mauvais des hommes pourraient faire les pires choses avec notre argent pour le plus grand bien de tous ? Doit-on dispenser les banquiers de tout contrôle sur l’usage qu’ils font de cette formidable énergie que constitue l’argent ?

Poser ces questions, c’est déjà y répondre. C’est surtout poser la question de la gouvernance de l’argent à laquelle nous tenterons de répondre en deux temps : comment la gouvernance de l’argent a été accaparée par une minorité ; comment cette gouvernance doit revenir entre les mains de la majorité citoyenne. Nous opérerons au préalable un détour historique sur les raisons de cet accaparement inique qui a abouti en grande partie à la crise que nous connaissons aujourd’hui.