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Chapitre d’ouvrage

Les échelles de gouvernance en débat: articuler sans opposer/ L’échelon régional supranational, espoir pour la gouvernance mondiale

Par Pierre Calame, Kristiana Powell, B. Raman

Ouvrage(s) : Chroniques de la gouvernance 2007

Table des matières

Dès 1943, Winston Churchill faisait état de ses doutes quant à l’efficacité de l’Organisation des Nations unies telle que proposée par les autres puissances alliées : à l’idéal de la sécurité collective fondée sur le principe de souveraineté des États aboutissant à la fondation d’une Société des Nations à peine modifiée, le Premier ministre britannique aurait préféré une organisation fondée sur quelques ensembles régionaux de coopération, coordonnés au niveau mondial par des structures de représentation réduites. Churchill avait parfaitement identifié la difficulté fondamentale d’un système de sécurité collective : « Seuls les pays dont les intérêts sont directement affectés par un différend peuvent être considérés comme prêts à s’impliquer eux-mêmes avec suffisamment de vigueur pour obtenir un règlement. » L’idée, rapidement abandonnée, était simple : des solutions régionales à des problèmes régionaux, des solutions globales à des problèmes globaux. Les évolutions récentes de la gouvernance mondiale lui donneraient-elles raison ? Dans un contexte où l’organisation fonctionnelle des agences de l’ONU semble toucher ses limites – ses difficultés face au génocide du Dharfour nous le rappellent aujourd’hui encore –, on voit des nombreuses régions du monde s’organiser sous la forme de gouvernements régionaux, plus ou moins aboutis, plus ou moins complets, selon les cas. L’idée sous-jacente à la constitution de ces blocs régionaux est de trouver l’échelle de gouvernance pertinente à des problèmes qui ne parviennent pas à mobiliser l’attention de la communauté internationale, ou que la communauté internationale n’est pas en mesure de traiter. Faut-il pour autant craindre une fragmentation de la gouvernance mondiale, qui rendrait caduques les instruments de gestion collective de la planète ? Ou faut-il voir dans ces initiatives une force de proposition pour une éventuelle réforme de l’ONU ?