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Rencontre-débat à l’initiative du Comité 21 avec Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement, fondatrice du parti écologiste CAP 21 et Benoît Thieulin, président du Conseil national du Numérique sur « l’économie de demain et l’ambition d’un nouveau monde ».
1/ Contexte du débat:
Deux rapports remis en 2015:
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L’économie du nouveau monde remis à Ségolène Royal par Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement
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L’ambition numérique, pour une politique européenne et française de la transition numérique remis à Manuel Valls, coordonné par Benoît Thieulin, président du Conseil national du Numérique.
2/ Principales conclusions d’intérêt pour l’IRG :
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Contexte relocalisation et de « désintermédiation » (des médias, de l’Etat, etc.) et d’une autre côté, à une « re-médiation » par les territoires, le pair à pair, les circuits courts …
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Gouvernance publique enjeu central des transitions (économiques, écologiques, environnementales, numériques, etc.)
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Transition démocratique et un enjeu transversal et sous-jacent à toutes ces transitions en cours
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Importance des choix politiques et exigence d’un retour à la politisation des individus pour faire ces choix dans leur vie courante
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Exigence de formation, d’éducation pour les capabilités politiques, critiques
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Attente du rôle des Etats et d’une modernisation rapide de leurs institutions pour éviter une concurrence des services publics, une manipulation, une aliénation par les infostructures qui deviennent des lieux de pouvoir concurrents aux Etats
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Importance du multi-acteurs et exemples vertueux de la territorialisation/écosystèmes locaux réussis
3/ Eléments de synthèse de l’intervention de Benoît THIEULIN :
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Optimiste car le numérique représente un levier de transformation du monde et une opportunité pour le changement : « nous sommes au début d’une gigantesque redistribution des cartes »
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Nous sommes face à une « désintermédiation » (des médias, de l’Etat, etc.) et d’une autre côté, à une « re-médiation » par les territoires, le pair à pair, les circuits courts … qui tendent à rapprocher les concepteurs des utilisateurs
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Le numérique est un facteur de transition écologique mais cela dépend de la volonté politique qui l’impulse car plusieurs transitions numériques sont possibles.
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Il y a des valeurs européennes qui traduisent un projet économique différent de celui Outre-Atlantique (Ex : économie contributive, pair à pair)
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Pour autant, il y a une véritable exigence de gouvernance, de régulation :
Exemple de l’économie contributive : le numérique (Airbnb, Blablacar, etc.) a été source de bien être social et de progrès par le numérique, mais cette économie de partage et cette économie contributive, par exemple le numérique de l’hôtellerie (Ex : Airbnb) s’affranchit aussi de la régulation économique, de la fiscalité, des normes de sécurité, du droit du travail. Que se passera-t-il quand il y a aura un incendie mortel dans un logement de Airbnb qui est un logement privé, qui échappe aux règles de sécurité en matière de dispositifs anti-incendie, d’évacuation, etc. ? En soit, Airbnb est un modèle non durable qui questionne le type de transition numérique que nous voulons et donc les choix politiques qui doivent présider à cette transition.
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Paradoxe dans le constat plus général d’une dégradation du débat public par l’accès massifié au numérique : les « digital natives » sont des consommateurs passifs et non critiques du digital. Il y a là un enjeu fort d’éducation à l’utilisation critique et objectivée du numérique au sein d’un monde désintermédié, qui offre donc un potentiel de manipulation et d’aliénation considérable. Cela implique de donner les capabilités, l’autonomie, l’éducation au numérique nécessaire aux gens pour utiliser les gigantesques pouvoirs que le numérique leur donne.
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La transition numérique renvoie à une transition démocratique sous jacente :
Le numérique ne virtualise pas, il donne des outils (Ex : Campagne d’Obama où numérique a permis le porte à porte et les petites cotisations/financements)
Le numérique permet aux masses de s’auto-organiser (Ex : La Révolution en Tunisie n’a pas été une révolution Facebook, mais le Tunisie Gate que Wikileaks avait permis quelques mois avant la révolution a été générateur d’un énorme débat et mécontentement qui s’est répandu dans la société tunisienne et a créé une agora conduisant à la révolution)
Mais le numérique permet aussi les dérives, celles des émeutiers ou des pilleurs (Ex : Londres), ou des rassemblements qui dégénèrent (Ex : 20000 personnes réunies à Nantes avec blessés/morts ?).
L’évolution du numérique tend vers une objectivation des données, de meilleurs indicateurs, et donc des outils de transparence, de débat, d’information et de contrôle : cela permettra de moins en moins aux grands groupes industriels de cacher l’information qui devrait être publique ou de faire du greenwashing, et ce malgré leur protection du secret industriel, etc (cf wikileaks et les lanceurs d’alerte qui ont détourné des dispositifs de secret et de protection en stockant des données sur des clefs USB et en les relayant aussitôt sur le web ou dans les médias)
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Les infostructures (telles que Google) deviennent des lieux de pouvoir, et si les Etats ne parviennent pas rapidement à se moderniser, ces plateformes concurrenceront de plus en plus directement les services publics. Il faudra que les Etats soient réactifs, sinon nous devrons demander un droit de vote chez Google, etc.
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Il y a une exigence de durabilité, d’écologie du digital qui pour le moment ont une empreinte écologique terrible (enjeu d’un code décarbonné) et une empreinte sociale du même ordre (Ex : GAFA – Google/Amazon/Facebook/Apple ont des fondamentaux qui ne sont pas durables : ils ne payent pas d’impots)
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Proposition d’éléments de régulation pour cette économie du numérique, distributive/de partage ou non :
. la fiscalité
. des seuils pour différencier ce qui relève du business/une industrialisation de l’économie collaborative (concurrence déloyale) et ce qui relève du revenu d’appoint, du service rendu, du pair à pair
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Exigence du politique : faire en sorte que les comportements individuels redeviennent politiques
4/ Eléments de synthèse de Corinne LEPAGE :
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Le rapport sur l’Economie du nouveau monde repose sur :
. un monde ni fossile, ni fissile ; territorialisé ; où bien être et humain sont au centre du débat
. envisage un mariage entre environnemental et digital
. arrête d’attendre tout de l’Etat et réfléchit par catégorie d’acteurs
. envisage l’innovation et la création en identifiant les obstacles issus du modèle entrepreneurial français monopolisé par les grands champions, fait pour eux mais pas adapté aux autres (de l’autoentrepreneurs aux ETI)
. réintègre la question des externalités (aujourd’hui le bas prix signifie à de fortes externalités négatives sans qu’on s’en préoccupe) : comment on rétablit cette préoccupation pour les externalités positives ?
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le multi-acteurs est essentiel, il renvoie à l’idée d’écosystèmes réussis tels qu’on peut les observer sur certains territoires
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les USA aussi témoignent d’une relocalisation
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La question de la gouvernance devient centrale et de la place des Etats aussi : peut-on attendre un refondation par le « bottum up » ? ou bien une reprise par les Etats au prétexte d’un contexte de violence (sécurité, etc.). Que deviennent les Etats là dedans ?
Or, nos institutions sont incapables d’évoluer.
Il faut un effort politique et juridique pour repenser le système
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Beaucoup d’espoir envers la société civile : la société civile doit venir au pouvoir, renouveler les élites et opérer la sortie des professionnels de la politique dont l’activité devrait ne durer qu’un temps de leur vie et non pas toute leur vie.
Notas de pie de página
(Mercredi 14 octobre 2015 - ESCP Europe – Paris)
Présentation de la rencontre :
Au pessimisme socio-économique ambiant, deux rapports, publiés récemment, préfèrent proposer des utopies désirables : L’économie du nouveau monde remis à Ségolène Royal par Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement, et L’ambition numérique, pour une politique européenne et française de la transition numérique remis à Manuel Valls, coordonné par Benoît Thieulin, président du Conseil national du Numérique. Les deux rapports insistent sur le fait que la transition d’une forme d’économie à une autre passe par une transformation profonde de nos manières d’appréhender la société et notre place en son sein. Dans le sillage du mouvement maker, il s’agit d’inventer une nouvelle manière de travailler, de produire, de distribuer ou encore de consommer. Cette nouvelle manière est à l’opposé d’une société qui, par son management, son économie et ses manières de vivre atomise les individus dans des espaces clos où l’idéal régulateur est le droit de se séparer des autres. Mais comment s’y prend-on concrètement ? Quelles sont les leviers de la transition économique ?