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Le modèle démocratique à rude épreuve: la tension légalité-légitimité/Quelles légitimités de substitution quand l’Etat se désagrège?
Por Martin Vielajus, Ingrid Johanna Bolivar, Claire Launay-Gama, Richard Pétris, Dalia Ebeid, Michel Doueyhi
Libro : Chroniques de la gouvernance 2007
Contenido
Dans les sociétés démocratiques modernes, la gouvernance légitime est intimement liée à la notion d’État de droit : la pratique légitime est celle qui trouve ses origines dans ces conventions qui sont le contrat social, garantissant notamment ce que le peuple souverain est en droit d’attendre de l’État. La légitimité, comme on le voit, est fortement dépendante de la capacité de l’État à garantir effectivement les droits de ses citoyens sur l’ensemble de son territoire. Mais est-ce seulement cela ? La capacité d’action de nombreux États est aujourd’hui considérablement affaiblie. En Colombie par exemple, l’État, mis à mal par la guérilla, les milices paramilitaires, et la généralisation de la délinquance, ne parvient plus à assurer la sécurité de tous ses citoyens. Quel sens donner à la notion de légitimité dès lors que l’État ne parvient pas à affirmer autorité et protection sur l’ensemble de son territoire ? L’analyse des exemples libanais et colombien ici choisie entend questionner la possibilité de légitimités de substitution, qui ne trouveraient pas nécessairement leur ancrage dans l’État de droit. L’exemple du Hezbollah nous montre qu’en fournissant aux citoyens différentes prestations que l’État n’est plus en mesure d’assurer, certaines initiatives privées, pourtant en marge de la légalité, parviennent à proposer une véritable alternative au modèle étatique. Ces acteurs sont certes indispensables à la survie de certaines populations, mais peut-on parler de légitimité quand les prestations ainsi proposées se nourrissent de motivations ambiguës, peu conformes au contrat social original ? La légitimité est-elle pure capacité ? Peut-elle se fonder sur l’existence d’un échange matériel immédiat entre différents acteurs ? Ainsi entendue, ne devient-elle pas synonyme d’exploitation, et de régression vers un contrat de type « hobbesien », où la paix civile procède d’une forme de chantage ?