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La justice internationale face aux situations locales
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Pour une justice internationale plus proche des réalités locales
L’étau se resserre autour des despotes, constatait en octobre dernier le magazine britannique The Economist. Tous les mois, la presse nous annonce la capture de tel ou tel responsable politique ou militaire, soupçonné de crimes contre l’humanité et contre qui a été lancé un mandat d’arrêt international. Ces arrestations donnent lieu à des extraditions vers la Cour pénale internationale à La Haye ou l’un des tribunaux spéciaux mis en place dans les pays concernés, tel que le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Tout porte ainsi à croire que la justice internationale mettra bientôt fin à l’impunité. Pourtant, plusieurs articles publiés dans ce dossier donnent à voir la méfiance des populations locales à l’égard des tribunaux internationaux. Et les juges eux-mêmes doutent de plus en plus de leur contribution à la réconciliation et au retour à la stabilité. Ce changement de ton, assez net par rapport à l’enthousiasme des années 1990, s’explique par l’accumulation d’expériences souvent peu encourageantes. Car le rôle des juges internationaux, qui doivent intervenir rapidement dans des sociétés qu’ils ne connaissent pas, est souvent périlleux. Leur intervention est ponctuelle et leurs compétences limitées ; souvent, la population locale y voient le bras judiciaire des puissances étrangères. D’après Michael Th. Johnson, interviewé ci-après, leur rôle doit donc être redéfini : pour contribuer à la stabilité d’un pays ravagé par le conflit, ils doivent participer activement à la reconstruction de l’appareil judiciaire local, pour le rendre capable d’administrer lui-même les procès. D’où l’idée des « tribunaux mixtes », où siègent à la fois les juges nationaux et internationaux, qui a fait ses preuve en Bosnie-Herzégovine.