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La difficile participation citoyenne

Notion en vogue depuis un certain temps déjà, la « démocratie participative » suscite de nombreux espoirs chez tous ceux qui, à juste titre semble-t-il, s’inquiètent de l’état actuel de la démocratie. Défiance envers les élites politiques, sentiment d’impuissance et d’éloignement, critiques du pouvoir des experts… la liste des accusations dressées à l’encontre de la représentation politique traditionnelle est longue, et elle s’allonge encore dès que nous entrons sur des terrains où les institutions démocratiques classiques sont faibles. Pourtant, il ne faut idéaliser la démocratie participative ; plus encore, nous avons besoin d’un regard lucide sur ses capacités et ses limites. Le présent dossier revient sur quelques expériences récentes en la matière, qui témoignent du potentiel mais aussi des difficultés liées à l’idéal participatif. D’un côté, Claire Launey étudie à travers le cas colombien comment l’observation électorale citoyenne vient compléter et renforcer la légitimité des institutions politiques en place. De l’autre, l’article de Julio Echeverría nous rappelle le risque d’une dérive populiste qui consiste à investir la légitimité de la société civile dans la lutte contre les institutions existantes : loin de renforcer le jeu démocratique, l’Assemblée citoyenne convoquée par Rafael Correa en Équateur défie l’Assemblée parlementaire et décrédibilise l’ensemble des institutions. À la lumière de ces deux exemples, il faut donner raison à Paul Skidmore lorsqu’il dit que nous avons surtout besoin de réfléchir sur les « passerelles » entre les mécanismes de représentation traditionnels et la participation directe. Le tableau contrasté de la société civile ukrainienne, dressé ici par Annie Daubenton, semble lui aussi confirmer cette analyse.