Chapters
La gestion des biens communs, enjeu majeur de la gouvernance mondiale: nucléaire, casques bleus et batailles de l’eau/ La sécurité est-elle encore un bien collectif?
Table of content
La sécurité est-elle encore un bien collectif ? La question peut paraître cynique, à l’heure où l’Organisation des Nations unies célèbre le cinquantième anniversaire de l’initiative de Lester B. Pearson qui fut à l’origine des Casques bleus : dans le contexte d’extrême tension internationale généré par la crise de Suez en 1956, et pour la première fois de son histoire, la communauté des États se dotait de mécanismes destinés à garantir effectivement la sécurité de tous par tous. Pourtant, la constitution d’un comité d’état-major, responsable de la direction stratégique de toutes les forces armées mises à la disposition du Conseil de sécurité, n’a jamais vu le jour : son absence a été suppléée par des mécanismes informels qui révèlent la volonté des États de garder le contrôle de leurs moyens militaires. Les difficultés rencontrées cette année encore par les Nations unies dans la mobilisation des contingents nécessaires au renforcement de la FINUL ont illustré les réticences des États. Dans un contexte de réduction générale des budgets et des effectifs de la défense, la sécurité collective semble devenir matière à arbitrage. Et, dans le souvenir de la Somalie, du massacre de Srebrenica et du génocide rwandais, on se prend à douter de l’efficacité des opérations de paix. Les riches débats qui ont rythmé l’année 2006 au Canada portent la marque de ces hésitations : les opérations de maintien de la paix ne semblent plus réellement constitutives de la culture stratégique d’un pays qui a pourtant longtemps fondé son identité internationale sur l’engagement aux côtés des Nations unies. La substitution des Casques bleus par les services de sociétés militaires privées serait-elle, en dernière analyse, la solution ? Doit-on pour autant s’interdire de penser la sécurité comme un droit opposable, auquel chacun peut prétendre ?