L’ altermondialisme ou le rêve d’une société civile mondiale

Mouvement controversé dont les grandes manifestations mondiales suscitent des réactions radicalement opposées, l’altermondialisme a au moins le mérite d’avoir donné un visage à la volonté de construire une société civile mondiale, et d’impliquer cette société mondiale dans les affaires communes de la planète. La question reste ouverte de savoir si on peut changer le cours des choses sur un mode exclusivement contes- tataire ; ce qui paraît certain, en revanche, c’est que la « planète alter » est à la recherche d’un deuxième souffle. L’enthousiasme qui avait marqué ses premiers grands événements n’est plus là, et les foules rassemblées paraissent moins nombreuses. Ou n’est-ce qu’un trompe-l’œil ? Les médias auraient-ils perdu leur intérêt pour les événements « alter », moins spectaculaires que jadis et plus focalisés sur le débat interne et la recherche de propositions constructives ? À entendre Geoffrey Pleyers, la vision du « déclin » de l’altermondialisme est trop française pour pouvoir s’appliquer au reste du monde : certes, dans les pays où il a émergé, le « mouvement des mouvements » est en difficulté, comme en témoigne l’affaissement d’ATTAC-France, pourtant acteur clé de la mouvance il y a encore deux ou trois ans. Mais il continue de croître ailleurs ; il suffit de traverser le Rhin, affirme G. Pleyers, pour s’apercevoir de sa vivacité, visible particulièrement lors des manifestations contre le sommet du G8 à Heiligen-damm. Plus largement, l’année 2007 a montré que son périmètre d’action s’étend sur des pays nouveaux, notamment en Afrique et en Amérique du Nord. Il s’agit donc peut-être plutôt d’une mutation que d’un déclin.